Parfois on me demande pourquoi je ne me contente pas d’enseigner quelques asanas. Pourquoi lancer ce site ? Pourquoi écrire des articles sur des sujets si peu connus de Yoga ? Pourquoi démarrer presque chaque article en parlant d’un travail de fond au lieu de donner quelques astuces pour soigner les symptômes ? Les raisons derrière sont à la fois pratique et à la fois philosophique.
Il y a toujours eu un grand point de désaccord entre les philosophies orientales et les philosophies occidentales. Ces dernières parlaient avant tout de l’objet : voici un objet, je peux le voir, je peux le toucher, donc il existe. Ce qui était recherché, c’était les preuves tangibles. Les philosophies orientales mettaient en doute la tangibilité de ces preuves en parlant de la conscience qui, pour elles, était intimement liée à l’objet.
Aujourd’hui, les paradigmes changent. La mécanique quantique nous montre que tout comme le disaient les philosophes orientales, l’observateur change la nature de l’objet qu’il observe. Nous commençons à parler de la conscience même dans les cercles scientifiques. La communauté médicale accepte le lien entre le corps et l’esprit et de plus en plus les pratiques comme méditation rentrent dans le langage quotidien, notamment en gestion de stress.
D’après les philosophies orientales, la science moderne ne va toujours pas assez loin.
La théorie des Kosha ou l’être multidimensionnel.
Le premier texte qui parle des kosha d’une manière profonde c’est Taittiriya Upanishad (6ème siècle avant l’ère commune) bien que l’idée de l’être multidimensionnel existât en Hindouisme depuis longtemps.
Le mot « kosha » signifie « la gaine » ou « l’enveloppe ». Dans l’hindouisme, nous considérons que la vraie nature de l’être c’est l’âme. Ces kosha sont l’enveloppe de l’âme quand elle se manifeste dans un corps physique.
Taittiriya Upanishad nous parle de 5 kosha :
- Annamaya (le corps physique)
- Pranamaya (le corps énergétique)
- Manomaya (le corps de l’esprit)
- Vijnānamaya (le corps de l’intellect)
- Anandamaya (le corps de la béatitude)
Annamaya kosha ou le corps matériel
Annamaya c’est la couche le plus externe de notre être : notre corps physique. « Anna » veut dire nourriture en Sanskrit. Tout ce qui demande la nourriture : nos muscles, nos os, notre cerveau, nos organes font parties de ce kosha.
Pranamaya kosha ou le corps énergétique.
Pranamaya c’est la deuxième couche : la couche de prana ou notre énergie vitale. D’après l’hindouisme, il ne suffit pas de rassembler les muscles, les os et les organes pour que la vie se manifeste. Plutôt la vie trouve sa source dans le prana. Cette énergie est à la fois visible et à la fois invisible. Chaque fois vous voyez un changement : un arbre qui fleurit, un enfant qui grandit, c’est la manifestation de l’action de prana sur le corps physique. Le prana invisible est celui qui est en train de nourrir nos cellules et nos organes.
Manomaya kosha ou le corps de l’esprit.
La troisième couche de notre être c’est la couche de « mana » ou notre esprit. C’est la source de notre égo, nos émotions ainsi que nos sens de perception. Notre cognition dépend de ce kosha ainsi que notre perception du temps. C’est la partie de notre être qui crée le « je » et l’égo.
Vijnānamaya kosha ou le corps de l’intellect.
Swami Vivekanand disait que la seule différence entre la science moderne et le Yoga est que la science croit que notre intellect est causé par notre corps tandis que dans Yoga on considère que l’intellect est apparu avant le corps. Cette quatrième couche est là où réside notre intellect (Buddhi en sanskrit). C’est ce qui nous permet de distinguer le vrai du faux, ce qui aide à catégoriser les informations envoyées par notre esprit. Dans Yoga, nous considérons que l’intellect est de deux styles : externe et interne. L’intellect externe c’est la connaissance du monde que nous voyons. L’intellect interne c’est la connaissance de notre propre être. Ce dernier est connecté à l’intellect universel.
Anandamaya kosha ou le corps de béatitude.
Caché dans le Vijnānamaya kosha est l’enveloppe la plus interne : Anandamaya kosha. Le mot « ananda » n’est pas le plus facile à traduire. Souvent, on le traduit par joie ou béatitude mais ce n’est pas tout à fait ça. La joie est une perception de notre esprit tout comme la déprime et d’ailleurs d’autres émotions. Peut-être le mot qui se rapprochera le plus d’ « ananda » sera « paix interne ». Celui qui prend conscience de ce kosha, dit Taittiriya Upanishad, se trouve unit avec l’univers et capte le changeant et l’éternel, le conscient et l’inconscient, le temps et ce qui existe en dehors du temps.
Les kosha et vous.
D’après Yoga et Ayurvéda, ces kosha sont interconnectés. Les dérèglements de l’un apportent les dérèglements des autres. De même, afin d’être réellement bien dans notre vie, il est important que l’on soit conscient de tous ces 5 kosha. Pourtant, en grande partie, notre conscience reste dans Annamaya kosha.
Prenons un exemple de quelqu’un qui souffre d’anxiété. Au niveau corporel (Annamaya) cette anxiété va se manifester au niveau de la glande adrénaline, les palpitations, l’insomnie, les crises de panique et l’impossibilité de respirer. Au niveau énergétique (Pranamaya), cela va se manifester tel qu’un dérèglement dans le Prana Vata, notamment en touchant les points sensibles dans les Marmānī au niveau des reins, nombril, cœur, entre les yeux et dans notre cerveau. Au niveau de l’esprit (Manomaya), l’être aura de la difficulté à rester dans l’instant présent et va sans arrêt penser à l’avenir ou le passé, va cogiter sans cesse et va vivre sous les peurs réelles ou hypothétiques. Au niveau de l’intellect (Vijnānamaya) il aura du mal à comprendre sa situation. Et au niveau de Anandamaya, il aura du mal à accepter (ici, il est important de distinguer la compréhension intellectuelle de quelque chose et réellement capter cette chose).
Dans Yoga, au lieu de simplement chercher à soigner les divers symptômes, nous allons chercher à agir sur les 5 kosha. Voici comment se déroulera une thérapie dans Yoga :
- Revoir l’aspect nutritionnel (action sur Annamaya et Pranamaya)
- Asana en tenant en compte des Marmānī (action sur Annamaya et Pranamaya)
- Pranayama (action sur Pranamaya et Manomaya)
- Discipline et hygiène de vie (action sur Manomaya)
- Mantra et Yantra dans les Marmānī spécifiques (action sur Manomaya à travers de Pranamaya)
- Les exercices de concentration (action sur Manomaya)
- Connaissance de soi ainsi que connaissance des évènements derrière l’anxiété (action sur Vijnānamaya)
- Méditation et contemplation (action sur Anandamaya à travers de travail sur Manomaya et Vijnānamaya).
5 commentaires sur « Le besoin d’une approche holistique à bien-être. »