On pose souvent la question : « quel style de yoga pratiquez-vous ? » Les réponses comme hatha, vinyasa, ashtanga, yin, Bikram, Iyengar sont courantes. Un peu moins courantes sont les réponses comme swara, kundalini ou sahaj yoga. Mais représentent-elles réellement les différentes formes du yoga ?

Traditionnellement, quand on parlait des différentes voies du yoga, on pensait surtout à Bhakti, Jnana, Karma, Hatha ou Raja Yoga. (A lire : Qu’est-ce le yoga réellement ?)

Bhakti Yoga est la voie de la Foi. Le mot « bhakti » veut dire « dévotion ». Jusqu’à très récemment, c’était la forme de yoga la plus populaire et la plus pratiquée en Inde. Dans cette voie, le pratiquant tourne ses émotions vers l’objet de sa dévotion (qui peut être une divinité ou le guru ou même un objet), créant ainsi une situation où son propre égo cesse d’exister et il s’immerge complètement dans sa dévotion, atteignant ainsi la libération qui fut le but principal du yoga. Si nous regardons l’effet technique de ce style de yoga sur notre être : ce sera directement sur Ojas. (A lire : Ojas, Tejas et Prāna)

Si Bhakti yoga est la voie de la dévotion, Jnana Yoga nous parle d’une enquête. Cette enquête démarre très souvent par les questions existentielles comme « qui suis-je ? » Au début, le yogi cherche à y répondre à travers son intellect, via l’introspection ainsi que l’étude des divers textes et de la philosophie. Peu à peu, il s’immerge tellement dans cette enquête que son égo cesse d’exister et il devient juste un flux constant de concentration. Titre technique, ce style du yoga augmente le Tejas tout en amenant la conscience du yogi dans le corps d’intellect.

Karma Yoga est le yoga à travers l’acte pur. « Karmanye vadhikaraste Ma Phaleshu Kadachana, Ma Karmaphalaheturbhurma Te Sangostvakarmani » nous enseigne Sri Krishna en Bhagavad Gita. « Nous avons le droit d’agir mais nous n’avons aucun droit aux fruits de nos actes. Alors ne laissez pas le fruit attendu de notre acte devenir votre motivation, ni attachez-vous à l’inaction ». Un acte fait sans quelconque attente de la part du pratiquant est la clé principale de ce style du yoga.

La quatrième forme du yoga dont on parlait est Raja Yoga. Le mot « raja » signifie royal mais dans ce style du yoga, il s’agit surtout d’un travail complet sur notre être. « Yogas citta vritti nirodhan », nous explique Patanjali. « Quand nous sommes capables de percevoir la réalité ultime sans que notre esprit modifie cette réalité à travers ses peurs ou désirs ; c’est yoga ». Afin d’atteindre cet état, le yogi s’appuie sur une variété de différentes techniques, philosophie, connaissances ainsi que les pratiques méditatives. Le yoga enseigné par Patanjali est typiquement vu comme Raja Yoga.

Comparé à ces 4 formes du yoga (dont parlent les textes datant d’il y a 2500 ans) ; Hatha Yoga est relativement récent (les premiers textes qui parlent d’Hatha datent d’environ 11^ème siècle). Au départ, cette forme de yoga était vue comme une voie préparatoire pour le Raja Yoga. Le mot « Hatha » est formé de deux racines : « Ha » qui veut dire soleil et « tha » qui signifie la lune. Un Hatha Yogi se concentre beaucoup plus sur son corps, l’utilisant comme un outil afin de pouvoir atteindre un état qui lui permettrait de suivre la voie de Raja Yoga. Plusieurs différentes techniques ésotériques (telles que les Bandha, Mudra) sont utilisées en plus des asanas, pranayama et les purifications pour que le yogi puisse transcender les limites de son corps.

En grande partie, nous sommes toujours dans une variante d’hatha yoga. Ou, plus précisément, une variante d’une partie d’hatha yoga.

Les styles plus modernes de yoga.

Bien que l’on ne puisse parler que de ces 5 formes de yoga, il y a (et il y a toujours eu) des milliers de différentes écoles. Chaque école amène sa propre perspective et son propre enseignement, qui se base sur un dérivé d’une ou plusieurs voies yogiques que nous venons de discuter.

Dans l’ère moderne (notamment à partir de fin 19^ème siècle), c’est surtout les écoles d’Hatha Yoga qui sont devenus connues. Certaines de ces écoles mettent plus d’importance sur la pratique d’asana (et sont souvent beaucoup plus connues en occident). Il y a notamment la lignée de T. Krishnamacharya (avec ses disciples comme Iyengar, Pattabhi Jois, etc) qui est la plus populaire de nos jours. Également importante est l’école de Bihar (même si en dehors de l’Inde, elle reste beaucoup moins connue).

En ce qui concerne l’exercice physique, Hatha Yoga nous enseigne qu’il est important de travailler le corps sur différents axes. Nos articulations, par exemple, ont besoin de plus de mouvement (comme est le cas de vinyasa). La souplesse et la force de nos muscles dépendent des asanas tenues plus longtemps (qui aident également avec l’équilibre et l’alignement du corps – comme est le cas chez Iyengar). Bien entendu, il y a toujours des postures méditatives qui aident également à la récupération (comme est le cas de Yin).

La question se pose souvent. Les réponses sont variées. Etrangement pourtant, en grande partie, nous sommes toujours dans une variante d’hatha yoga. Ou, plus précisément, une variante d’une partie d’hatha yoga.