Bien que le Yoga soit une quête spirituelle, un intérêt se développe vers l’impact thérapeutique du Yoga. Plus particulièrement, le Yoga se montre particulièrement efficace pour guérir et prévenir les maladies cardiovasculaire et respiratoires, gestion des maladies chroniques ainsi qu’amélioration de la santé mentale. Mais comment est-ce que le Yoga arrive à guérir et prévenir ? Et quels sont les bases thérapeutiques du Yoga ?
Deux sœurs jumelles.
La médecine traditionnelle indienne s’appelle Ayurvéda (la connaissance sacrée de la vie). Le Yoga est une des six écoles orthodoxes de la philosophie indienne. Mais les deux sciences ont la même racine, le Sankhya Karika, et se complémentent l’un et l’autre. Il n’est pas rare pour un vaida (praticien de l’ayurvéda) d’intégrer la philosophie yogique dans ses soins. Et le Yoga s’appuie sur les connaissances ayurvédiques autant dans sa recherche spirituelle que dans ses buts thérapeutiques.
L’ayurvéda nous parle de 3 qualités de notre esprit (les guna) et les 3 « humeurs » de notre corps (les dosha). Quand ces dosha sont en équilibre et sattva guna (la qualité de paix interne, création) est prédominant dans l’esprit, l’être est en bonne santé mentale et physique. Ce sont ces principes qui forment les bases du Yoga thérapeutique.
Le système thérapeutique Yogique.
En occident, le système thérapeutique yogique se concentre surtout sur l’impact des asana sur le corps et l’esprit. D’ailleurs le premier atelier que j’avais fait en France (sur le stress), il y avait au moins deux personnes qui s’étonnaient que je n’eusse pas passé l’intégralité des 3h à n’enseigner que des asana. Mais non seulement le Yoga ne se limite pas aux asana, dans un but thérapeutique, mais les asana ont un impact limité (et dans la manière dont ils sont souvent pratiqués dans certains cours, ils peuvent être carrément déconseillés).
Afin de mieux comprendre le système thérapeutique Yogique, prenons le temps de revoir les 3 guna et les 3 dosha.
Les trois dosha (humeurs du corps) :
- Vata dosha : C’est le principe de mouvement. Chaque mouvement du corps, que ce soit lever un bras ou froncer les sourcils, est un effet de vata dosha. Quand ce dosha est en équilibre, non seulement il incite la personne à être créative, mais il assure également le bon fonctionnement des autres dosha. Quand aggravé, le même dosha devient le roi des maladies.
- Pitta dosha : C’est le principe de digestion et d’assimilation. Que ce soit la nourriture que nous consommons ou les émotions, c’est le rôle de pitta dosha d’assurer leurs assimilations dans le corps. Quand il fonctionne bien, ce dosha assure une digestion parfaite, des hauts niveaux de concentrations et une facilité à gérer les émotions. Mais son déséquilibre cause des problèmes comme les inflammations, les colères et les frustrations et une variété de problèmes digestifs.
- Kapha dosha : C’est le principe de nutrition. C’est le kapha dosha qui va nourrir les tissus (dhatu) tels que les os, les muscles, le sang, etc. du corps. Quand équilibré, ce dosha assure que chaque partie du corps et de cerveau est bien nourrit, l’être est posé de nature et arrive à garder un certain calme mental même durant les situations les plus difficiles. Mais son déséquilibre peut causer des problèmes comme les congestions, obésité, et des problèmes cardiovasculaires.
Les trois guna (qualité de l’esprit) :
- Sattva guna : C’est la qualité de la création et de la paix intérieure. Quand ce guna est prédominant dans l’esprit, les centres psychiques émotionnels sont apaisés, on a du recul et on arrive facilement à distinguer le vrai du faux.
- Rajas guna : C’est la qualité du mouvement et dynamisme. Quand ce guna est prédominant dans l’esprit, on est motivé, on bouge et on a envie de faire des choses. Mais en contrepartie, si l’esprit reste dans cet état trop longtemps, c’est également le guna qui va créer les problèmes tels que l’agitation, l’anxiété, le stress ainsi qu’épuiser les réservoirs énergétiques du corps.
- Tamas guna : C’est la qualité d’inertie. Quand ce guna est prédominant dans l’esprit, le sommeil se manifeste et le corps rentre dans un état de récupération. Mais si ce guna reste dans cet état trop longtemps, le résultat est la dépression et les tendances autodestructrices.
Pour assurer que les 3 dosha fonctionnent parfaitement et que ni le rajas ni le tamas ne deviennent trop prédominants dans l’esprit, le Yoga privilégie une approche globale qui travaille le corps et l’esprit en même temps. Cette approche demande que l’on utilise les outils suivants :
- Revoir l’hygiène et la discipline de la vie de la personne concernée.
- Un travail psychologique sur les peurs et les problématiques tout en intégrant la pensée yogique dans la vie de tous les jours.
- Revoir la nutrition pour apaiser les dosha aggravés.
- Les asana appropriées pour la personne, pratiquées dans la bonne manière en tenant en compte l’impact qu’ils auront sur ses dosha et ses centres énergétiques.
- Les pranayama appropriés.
- Une pratique méditative.
- Utilisation des mantra, purifications et kriya pour agir sur les dosha aggravés.
Une note sur les asana : Tout exercice est fondamentalement rajasic dans nature. De même, la manière de pratiquer une asana peut varier son impact sur un dosha. Ces principes doivent obligatoirement être tenus en compte avant de créer une séance personnalisée pour la personne concernée.
Un exemple d’approche thérapeutique.

Afin de mieux comprendre l’approche yogique à la thérapie, prenons l’exemple d’une personne qui souffre du syndrome de l’intestin irritable avec les symptômes suivants :
- Peau sèche
- Constipation (ou la constipation alternée avec les diarrhées)
- Flatulence
- Perte de poids
- Insomnie et anxiété
(À noter : le syndrome de l’intestin irritable peut avoir d’autres symptômes également. Dans ce cas-là, l’approche thérapeutique sera différente).
Ces symptômes montrent que :
- Vata dosha est aggravé. Apana vayu (un sous dosha de vata qui gère l’évacuation) est déséquilibré.
- Rajas guna est prédominant dans l’esprit.
Pour gérer ce syndrome, la thérapie va se concentrer sur les points suivants :
- Avoir une routine de vie – se coucher à la même heure, manger à la même heure.
- 3 repas par jour dont le petit déjeuner et le déjeuner sont plus conséquents que le dîner.
- Une nutrition chaude, cuisinée, de nature d’avantage huileux, sans sucres rapides.
- Manger dans un endroit calme et avec un esprit apaisé.
- Les asana qui travaillent d’avantage apana vayu et le système digestif. Chaque asana doit être fait d’une façon délibérée, avec la concentration et en pleine conscience.
- Les pranayama comme nadi shodhana et les kriya comme agnisara kriya.
- Une pratique méditative régulière.
- Des mantras qui amènent la paix intérieure et réduisent la présence de vata dosha.
- Eviter l’hyperactivité sensorielle.