Dans Yoga ainsi que dans l’Ayurvéda, nous ne considérons pas que le corps humain ne soit composé que de chair d’os. Plutôt nous parlons d’un corps physique qui est lié aux corps subtils et au corps causal. Prana, l’énergie qui nous donne la vie, traverse notre corps sur un de ces corps physiques que l’on appelle Pranamaya kosha. Et tout comme notre sang coule dans notre corps physique à travers un système artériel, prana coule dans notre corps pranique dans les nādī – les canaux énergétiques.
Les nādī pénètrent notre corps de la plante des pieds jusqu’au sommet de notre tête. Dedans est prana, le souffle de la vie dans lequel réside notre âme, qui est la demeure de Shakti, la créatrice des mondes animés et inanimés.
– Varaha Upanishad
Quand les diverses formes de prana coulent dans notre corps sans quelconque blocage, le corps est en bonne santé. De même, quand il y a des blocages dans ces nādī, nous tombons malade. Un des buts de Yoga c’est d’assurer le bon mouvement des 5 prana dans les nādī. Nous accomplissons cela à travers une approche holistique où :
- Les Yama (éthiques) agissent sur nos réactions vis-à-vis notre environnement et notre psyché.
- Les Niyama (observances) nous incitent à avoir une bonne hygiène de vie, agissant sur les aspects psychologiques et nutritionnels de prana.
- Les Asana (postures) appuient directement sur les Marma (centres énergétiques – comme des valves dans les nādī).
- Les pranayama (exercices pour prolonger/accumuler prana) utilisent notre mental et notre souffle afin d’assurer que le prana puisse bouger sans blocage dans les nādī.
- Les mantras, les méditations et les exercices de concentration sont utilisés dans les cas spécifiques où il y a des blocages importants.
Il y a des centaines de milliers de nādī dans notre corps dont 14 sont considérés comme étant les plus importants.
Sushuma Nādī
« Nābhicakre kāyavyūdha jnānam, » dit Patanjali, « Par la concentration sur le chakra du nombril, l’on comprend les structures de nos corps ». Yajnavalkya affirme que l’origine de Sushuma se situe au niveau de notre nombril. Ce nādī central est également le plus mal compris à nos jours où, faussement, son origine est considérée comme étant le bas de notre colonne vertébrale, au niveau de notre périnée.
Sushuma est l’origine de tous les autres nadis. Dans la métaphysique hindoue, ce nādī est considéré comme étant connecté à nos origines et capable de traverser le temps. Sur un plan spirituel, la quête d’un yogi c’est de faire traverser sa conscience sur ce nādī afin d’atteindre l’éveil. Sur un plan psychologique et physique, c’est la colonne vertébrale de votre prana. Quand ce nādī va bien, le reste du corps va bien également.
Son parcours dans le corps : Sushuma démarre au niveau de nombril, descend vers le périnée avant de monter au niveau de la colonne vertébrale.
L’impact sur le corps : La santé de la moelle spinale dépend de Sushuma. Donne l’énergie à notre cerveau. Contrôle nos neurones ainsi que le tissu osseux.
Son importance dans votre pratique : Que votre quête soit spirituelle ou purement physique, afin de tirer le maximum de bienfaits de votre pratique de Yoga, il est important de faire rentrer votre prana dans le Sushuma. Cela se fait notamment durant pranayama et méditation à travers la rétention après inspiration.
Ida nādī
Intimement lié à Pingala, dans la métaphysique hindoue, ce sont ces deux nadis qui nous donnent la perception du temps. Ida est lié au côté gauche de notre corps et notre cerveau et gère nos aspects émotifs et créatifs. Elle est considérée la demeure de nos aspects lunaires et le siège de la nuit.
Son parcours dans le corps : Elle se situe à gauche de Sushuma et traverse le corps tout comme Sushuma nādī. Au niveau d’Ajna (chakra de troisième œil), elle rentre dans la narine gauche.
L’impact sur le corps : Gère les aspects Kapha et ceux lié à l’élément de l’eau dans notre corps. Aide dans le développement et récupération des tissus de notre corps durant sommeil. Stimule tous les nadis situé à la gauche de notre corps. Lié à notre créativité, la parole et nos émotions.
Son importance dans votre pratique : Une des clés pour permettre à notre conscience de rentrer dans le Sushuma c’est l’équilibre entre Ida et Pingala. Pour des personnes ayant du mal à reconnaître ou accepter leurs émotions, ce nādī est le chemin principal de travail (à travers de pranayama et diverses postures).
Pingala nādī
Où Ida est la lune, Pingala est le soleil. Elle se situe du côté droit de notre corps et gère l’élément feu dans notre corps. Quand nous prenons des décisions, quand le corps digère la nourriture, c’est Pingala qui est utilisé.
Son parcours dans le corps. Elle se situe à droite de Sushuma et traverse le corps tout comme le Sushuma. Au niveau d’Ajna, elle rentre dans la narine droite.
L’impact sur le corps. Gère les aspects Pitta et ceux lié à l’élément de feu. Aide à prendre les décisions critiques. Tout le processus de digestion dépend de Pingala. Elle est responsable de notre vitalité. Stimule les nadis situé à la droite de notre corps.
Son importance dans votre pratique. Si vous vous sentez souvent fatigué, si vous avez du mal à prendre des décisions ou encore si vous vous trouvez souvent submergés par vos émotions, c’est le pingala qui est le chemin principal de travail à travers de pranayamas et les postures.
Pusha nādī
Démarre de notre troisième œil et va à l’œil droite.
L’impact sur le corps. Gouverne nos sens de perception.
Dans votre pratique. Dans les aspects spirituels, ce sont les méditations sur cette nādī qui permettent de développer la perception extra-sensorielle. C’est également la nādī qui devient le chemin principal de notre travail si on cherche à améliorer nos sens de perception.
Gandhari nādī
Démarre de notre troisième œil et va à l’œil gauche.
L’impact sur le corps. Gouverne nos rêves, notre créativité et notre imagination.
Dans votre pratique : Si vous souhaitez développer la créativité et l’imagination, c’est cette nādī que l’on doit viser.
Payasvini nādī
Démarre de troisième œil et va à l’oreille droite.
L’impact sur le corps : Gouverne les sons internes et subtils venant de notre corps.
Dans votre pratique : Si vous souhaitez développer votre capacité d’entendre les bruits internes de votre corps, c’est cette nādī qui sera visée.
Shankhini nādī
Démarre de troisième œil et va à l’oreille gauche.
L’impact sur le corps : Augmente la foi.
Dans votre pratique : Utilisé souvent dans les quêtes spirituelles où la personne a du mal à se lier aux énergies subtiles.
Alambusha nādī
Démarre du chakra racine et va à l’anus.
L’impact sur le corps : C’est cette nādī qui est utilisée pour les processus d’élimination des toxines.
Dans votre pratique : Si vous souffrez de constipation, si le corps n’arrive pas à évacuer les toxines, c’est cette nādī qui deviendra la cible de travail principal.
Kuhu nādī
Démarre du chakra racine et va jusqu’à chakra sacré, liant nos génitaux.
L’impact sur le corps : C’est cette nādī qui gère le fonctionnement de nos organes de reproduction.
Dans votre pratique : On travaille dessus dans les cas d’impotence et ou les problèmes urinaires.
Vishvodhara nādī
Démarre de chakra racine, va jusqu’au chakra du nombril et nourrit le système digestif.
L’impact sur le corps : Gouverne notre système digestif.
Dans votre pratique : Cible principal de travail pour des personnes souffrant des problèmes digestifs.
Varuna nādī
Démarre de chakra racine et va jusqu’au chakra du cœur avant de nourrir le système respiratoire et circulatoire.
L’impact sur le corps : Gouverne la circulation de sang dans notre corps. Également lié aux émotions telles que compassion et empathie.
Dans votre pratique : La nādī clé pour ceux qui souffrent de problèmes respiratoires et de circulation sanguine. Avec Ida, permet d’avoir un équilibre avec notre partie émotive chez les personnes hypersensibles.
Sarasvati nadi
Démarre de chakra racine et va jusqu’au chakra de gorge.
L’impact sur le corps : Aide dans la parole.
Dans votre pratique : Une nādī clé pour les artistes ainsi que les personnes manquant confiance en soi. Les blocages dans cette nādī limitent la quantité de prana qui va dans notre cerveau.
Yashasvati nādī
Démarre du chakra racine, va jusqu’à chakra de nombril avant de nourrir notre bras et notre jambe droite.
L’impact sur le corps : Une énergie chaude liée au feu qui est utilisé afin de guérir.
Dans votre pratique : Très utile pour des personnes souhaitant développer leurs pouvoirs de guérison énergétique.
Hastijiva nādī
Démarre du chakra racine, va jusqu’à chakra de nombril avant de nourrir notre bras et notre jambe gauche.
L’impact sur le corps : Une énergie calme liée à l’eau qui est utilisée dans le but de calmer.
Dans votre pratique : Utile pour les personnes hyper-émotives ainsi que celles qui souhaitent aider ces personnes.
Comment utiliser cet article ?
Cet article est simplement le premier dans une série qui vous permettra de mieux connaître la théorie derrière la pratique de Yoga, notamment dans ses aspects thérapeutiques et bien-être. Cette partie théorique a néanmoins beaucoup d’importance dans votre pratique de Yoga. Mieux comprendre comment prana bouge dans votre corps vous permettra de mieux cibler les asanas, pranayama et les méditations afin de pouvoir en tirer les bienfaits maximums.
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